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lui-même à T. Louverture et lui avoue qu’il se reconnaît le tort de ne l’avoir pas informé que lui, Flaville, était entièrement sous les ordres de Villatte ; mais qu’il prie T. Louverture d’oublier le passé. Il le tutoyait en républicain.

Le 1er juillet, T. Louverture lui répond qu’il est très-satisfait de savoir qu’il est sous les ordres de Villatte, et qu’il aurait dû l’en informer et non pas lui rendre incessamment compte de ses opérations ; mais, cependant, qu’il doit lui remettre toutes les troupes que lui, T. Louverture, avait placées sous les ordres de Flaville. Nous remarquons que dans cette lettre, écrite avec dignité, T. Louverture ne le tutoie pas.

Quelques jours après, il insista auprès de Laveaux pour contraindre J. Flaville à lui rendre les troupes et les postes qu’il lui avait confiés, étant dans son cordon de l’Ouest.

Enfin, le 16 septembre, T. Louverture revint à la charge auprès de Laveaux, au sujet de Joseph Flaville. Selon lui, cet officier était sous ses ordres quand il combattait sous les Espagnols, pour la cause de la liberté ; Flaville l’abandonna pour aller se soumettre aux commissaires civils (qui, sans doute, combattaient pour la cause de Dieu et des Rois) ; qu’il abandonna ces derniers pour rejoindre Jean François ; qu’il abandonna Jean François pour revenir, comme l’Enfant prodigue, auprès de T. Louverture qui, en adoptant le parti républicain, le plaça au Morne Anglais, près du Cap. Joseph Flaville, enfin, par pusillanimité, n’a pas marché contre l’ennemi ; il est allé se placer sous les ordres de Villatte, mon camarade, dit-il, qui l’a accueilli sans m’en rien dire : je ne puis passer ce trait d’insubordination, pour l’exemple.

Un mois après, le 22 octobre, T. Louverture écrivit