Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/552

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compagnie. Le corps des dragons considéra cette mesure comme une injustice, et fut dès-lors entièrement désaffectionné à Bauvais.

Peu de temps après, Borgella reçut ordre de Birot, commandant de la place de Léogane, d’aller à la tête d’un détachement des dragons, accompagner un convoi de vivres, vers le camp Grenier, près du Port-au-Prince. Chef du corps, il réclama contre cet ordre, prétendant que d’après la loi militaire, il devait marcher à la tête de son corps entier, et non à celle d’un détachement. Il fut en personne déclarer son refus formel à Birot, qui lui ordonna les arrêts au fort Ça-Ira. Ce fut une occasion pour David-Troy de se plaindre publiquement, de ce qu’il considérait comme une injustice de la part de Birot, qui l’envoya aussi aux arrêts et qui en informa Bauvais, alors à Jacmel. Bauvais, plus sévère, ordonna de les transférer en prison. Ils y rencontrèrent B. Inginac qui venait d’être capturé sur un navire anglais[1]. Alors, Pétion leur dit de demander à être jugés par un conseil de guerre, et qu’il les y défendrait. Pour ne pas occasionner une affaire où la discipline militaire aurait pu recevoir une grave atteinte, ils ne déférèrent pas à l’avis de Pétion. Après une détention arbitraire de deux mois et demi (ce n’étaient plus des arrêts), ils furent remis en liberté. Mais ils résolurent, dès ce moment, de saisir la première occasion de passer dans le Sud, sous les ordres de Rigaud. Plusieurs des officiers des dragons, entre autres le brave Lamarre, lieutenant de la compagnie de Borgella, prirent aussi avec eux la même résolution.

  1. B. Inginac, devenu secrétaire général de la République d’Haïti. Là commencèrent ses liaisons d’amitié avec Borgella.