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ral continue à défendre le territoire contre les Anglais, et s’entend secrètement avec T. Louverture qui agit de même.

La dislocation de l’agence survient par le départ volontaire de Giraud et de Leblanc. Des deux membres qui restent dans la colonie, le plus capable absorbe toute son autorité. Sonthonax se livre alors avec une nouvelle énergie à l’exercice du pouvoir absolu. Il fait procéder à de nouvelles élections pour compléter la représentation coloniale au corps législatif ; et cette fois encore, une seule assemblée est donnée arbitrairement à la colonie : ses créatures seules sortent de l’urne électorale.

Cette opération est à peine achevée, qu’il fait arrêter d’une manière vexatoire, son ancien favori Desfourneaux, sur qui il avait compté pour la désorganisation du Sud : il le fait détenir arbitrairement dans un fort.

Sonthonax élève aussitôt, au grade de général en chef de l’armée, T. Louverture qu’il espère retenir dans les liens de la reconnaissance à sa personne.

Sa correspondance avec ce général et les autres chefs militaires ne respire plus qu’une politique inquiète, qui s’efforce de les désunir tous pour mieux les dominer. Mais l’homme même qu’il a promu au premier rang dans l’armée, profite du mécontentement général pour le contraindre à quitter la colonie.

À son tour, Sonthonax est accusé — d’avoir voulu proclamer l’indépendance de la colonie, en égorgeant tous les Européens. Son collègue, J. Raymond, lâchement égoiste, est complice de l’attentat commis à son égard.

À son arrivée en France, le Directoire exécutif se décide à lui donner un successeur, dans la personne d’un mi-