Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/541

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

noire que la faction coloniale dirige sa haine ? parce qu’elle a déjà acquis une influence réelle par la position que lui a faite la guerre contre l’étranger ; et cette faction trouve dans les rapports mensongers, malveillans du gouverneur général et de son adjoint, Européen comme lui, un nouveau moyen d’insinuation contre cette classe. Celle-ci est enfin représentée, dénoncée à la France et à son gouvernement, comme voulant l’indépendance de la colonie qu’elle défend cependant, contre la puissance maritime qui l’a envahie parla trahison de cette faction elle-même.

Dans cet état de choses, le gouvernement de la métropole conçoit l’idée d’envoyer de nouveaux agens à Saint-Domingue, pour y maintenir son autorité.

Mais dans cette colonie, les fautes du gouverneur général, son despotisme inintelligent, ses injustices, réunis aux mauvaises mesures financières adoptées par H. Perroud, ont été cause de la violation du respect dû à leur caractère public : ces deux autorités ont été incarcérées par une cabale, dans laquelle des membres de la faction coloniale ont joué un rôle influent. Dégagées de cette incarcération momentanée par quelques officiers dirigés par l’influence de T. Louverture, le gouverneur général et son adjoint ne trouvent de coupables que Villatte et les autres hommes de couleur, parce que Villatte a eu effectivement le tort de ne pas faire respecter ces autorités supérieures dans cette conjoncture.

À ce moment arrive Roume, agent de la métropole, avec une mission spéciale dans la colonie cédée à la France. Apprenant ces faits récens, il tente d’opérer la réconciliation entre tous ces hommes aigris l’un contre l’autre, en leur faisant savoir les trames ourdies par la faction coloniale pour leur désunion. Il allait y réussir peut-être,