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Tous comprennent la gloire qu’il y a de lui appartenir, en apprenant eux-mêmes ses brillans succès en Europe : ils redoublent d’efforts pour se rendre encore plus dignes d’elle. Ces succès ont été cause que l’une des puissances qui convoitaient la colonie s’est vue forcée de céder sa colonie voisine à la France ; et ce résultat vient augmenter les chances de salut pour Saint-Domingue.

Pendant cette même année, les anciens commissaires civils ont subi en France, à raison de leurs actes dans la colonie, un procès que leur a intenté la faction des colons. S’ils ont réussi à en sortir victorieux, ces débats fameux n’ont pas moins révélé les causes réelles de la liberté générale des noirs : c’est la nécessité occasionnée par des circonstances impérieuses qui avait porté les commissaires à la proclamer, sans autorisation spéciale de la convention nationale ; et bien que celle-ci eût solennellement confirmé cette mesure juste et politique, fondée sur les principes éternels du droit de tout homme à être libre, la faction coloniale se prévaut de cet aveu pour tâcher d’amener une réaction à cet égard. Elle publie des écrits dans ce but ; par eux elle essaie de corrompre l’opinion publique. Elle trouve jusque dans le sein de la nouvelle représentation nationale, des organes, des agens qui la secondent dans ses projets. Elle réussit à y faire exprimer une sorte de regret contre l’émancipation des noirs.

Quoique les débats de l’accusation et de la défense aient dévoilé les turpitudes, les excès, les crimes des colons de Saint-Domingue contre leurs victimes, on se prévaut encore des actes de représailles commis par celles-ci, pour les faire paraître indignes des droits que la France leur a reconnus.

C’est surtout contre la portion la plus éclairée de la race