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une asseméble coloniale, autorité purement civile, tandis que tous se trouvaient incessamment en lutte avec les municipalités, par rapport à l’autorité despotique qu’ils exerçaient dans les paroisses. N’est-ce pas un désir naturel et inhérent au pouvoir militaire, de vouloir toujours absorber toute autorité ? Laveaux lui-même, voulait-il une autorité civile à côté de la sienne ? Dès qu’il eut reconnu ou cru que de telles intrigues, existaient au Cap, pourquoi ne s’y rendit-il pas de nouveau pour les déjouer ?

Dans le courant du mois de mars, Rigaud et Bauvais ayant réuni leurs forces, marchèrent ensemble dans le but d’attaquer le Port-au-Prince. Arrivés à Marliany, lieu où la grande route passe près du rivage de la mer, ils trouvèrent un vaisseau et un brig anglais qui s’y étaient embossés et dont le feu empêchait l’armée d’avancer. Dans la nuit, Pétion plaça sur un monticule, des canons dont les coups bien dirigés contraignirent ces deux bâtimens à se retirer. L’armée put ainsi aller en avant : elle s’arrêta au carrefour de l’habitation Trutier. Le quartier-général se trouvait dans la maison principale, de cette propriété.

Les Anglais, sortis du Port-au-Prince, le 26 mars, vinrent l’y attaquer en surprenant le camp ; il y avait 1000 hommes sous les ordres du lieutenant-colonel Markhams. Dans ce premier moment de surprise, les assaillans obtinrent le plus grand succès. Mais bientôt Rigaud et Bauvais, aidés de l’artillerie de Pétion, rétablirent le combat et chassèrent les Anglais. Markhams fut tué dans cette action. Joseph Cazeau, noir ancien libre, qui avait pris parti avec les Anglais, périt aussi dans cette journée.

Les deux chefs républicains, dans un sentiment tout chevaleresque, firent proposer au général Horneck qui