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du, etc ; qu’enfin, à Léogane, l’adjudant-général Pétion faisait clandestinement la propagande en faveur de Rigaud[1]. »

Or, pour réduire au néant toutes ces imputations de la tradition, calomnieuses contre Rigaud, nous n’avons qu’à rappeler au lecteur qu’il alla une seule fois au Cap avec T. Louverture, qu’il en revint avec lui et se sépara de lui au Port-au-Prince, après avoir reçu ses ordres et ses instructions pour marcher contre les Anglais à Jérémie. Hédouville ne lui a donné qu’en partant, le commandement du Sud, par la lettre du 22 octobre qui le rendait indépendant de l’autorité du général en chef. Rigaud aurait-il pu conspirer en présence de T. Louverture ?

Et Hédouville qui fut forcé de s’embarquer, devait commencer des attaques contre le chef noir ? Avec quelles troupes eût-il pu agir ainsi, quand il a dû recourir à T. Louverture pour l’inviter à aller apaiser les troubles du Fort-Liberté ?

N’imputons pas, même à Hédouville, des projets que le bon sens réfute.

Et Pétion, qui est resté auprès de Laplume jusqu’à l’approche des premières hostilités de la guerre civile ; Pétion, qui estimait si peu Rigaud, aurait fait la propagande pour lui ! Quelle pauvre opinion avaient donc de cet homme célèbre, ceux qui ont répandu ces contes ridicules à son égard ?

Oh ! défions-nous de nos traditions populaires ; en les reproduisant sans examen, sans discussion, nous nous exposons à nous égarer nous-mêmes, et à égarer les générations présentes et futures, en leur présentant la plupart

  1. Histoire d’Haïti, t. 1er p. 319 et 320.