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près le départ forcé d’Hédouville, le Directoire exécutif ne blâma pas le général en chef ; il ne fit aucun acte pour relever Rigaud de la mise hors la loi prononcée contre lui, ni pour confirmer dans ses mains le commandement du Sud ; c’est qu’il ne fît rien non plus pour faire cesser les dissensions entre ces deux généraux, ni pour empêcher la guerre civile qui éclata neuf mois après le départ de son agent ; c’est qu’on abandonna Rigaud à ses propres forces, et qu’on désirait conséquemment qu’il fût vaincu ; c’est qu’enfin,. Roume, nouvel agent, soutint T. Louverture par tous ses actes.

Roume, en effet, remplaça Hédouville. T. Louverture ne comptait pas sur la prévoyance du Directoire exécutif.

Le 1er pluviôse an vi (20 janvier), au moment où Hédouville allait partir, le Directoire exécutif, par un arrêté secret, ignoré de son agent, désigna Roume pour le remplacer en cas de mort. La preuve qu’Hédouville ignorait cet arrêté, c’est qu’en partant il écrivit à Roume pour lui dénoncer T. Louverture, en l’engageant de n’avoir aucune correspondance avec le général en chef, dont il eut soin cependant de ne pas prononcer la destitution, quoiqu’il en eût les pouvoirs.

Kerverseau nous donne quelques particularités à cet égard.

« Un incident, dit-il, que personne n’avait prévu, semblait devoir donner aux affaires une direction nouvelle. Au moment où Toussaint se croyait débarrassé de toute autorité supérieure, un nouvel agent se trouvait tout-à-coup au milieu de la colonie, comme par enchantement. Lors du départ d’Hédouville pour Saint-Domingue, le ministre de la marine avait secrètement déposé entre les mains du contrôleur Domaine, un paquet cacheté qui ne