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De tous côtés arrivèrent bientôt des adresses de toutes les municipalités du Nord et de l’Artibonite, des propriétaires, des cultivateurs, qui pressèrent le général en chef de garder le pouvoir. Plusieurs de ces actes parvinrent à Hédouville, avant son départ : il put voir, du bord de la Bravoure, comment le vent, contraire à sa sortie du port, avait fait tourner les girouettes.

Le 28 octobre, la municipalité du Cap fit une adresse à toutes les autres administrations municipales de la colonie, où elle relatait les événemens qui eurent lieu au Fort-liberté et au Cap. Il est entendu qu’Hédouville eut tous les torts, et que le général en chef « par sa vigilance, par son amour pour la France, pour son pays et pour l’humanité, a sauvé la ville du Cap et la colonie de leur ruine, en rétablissant la tranquillité publique. »

Dans toutes ces adresses, on protesta contre le règlement de culture d’Hédouville : il ne convenait ni aux colons, ni à T. Louverture qui se proposait de faire mieux à cet égard ; nous verrons les siens en 1800. Presque partout, il fut dit que les cultivateurs déclaraient préférer vivre toute leur vie dans les bois, que de s’engager comme le règlement le prescrivait. Les registres ouverts dans les communes pour les actes d’engagement furent lacérés. Les adresses furent imprimées à la suite du rapport du général en chef au Directoire exécutif ; et pour mieux convaincre ce gouvernement que tel était le vœu des cultivateurs eux-mêmes, l’adresse de la Petite-Rivière de l’Artibonite fut rédigée en créole : ce qui devait édifier le Directoire exécutif. Rien n’échappait, comme on le voit, au génie inventif de T. Louverture.

Partout, les cultivateurs reprirent leurs travaux avec docilité.