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Haut-du-Cap et du fort Belair, qui commande la ville du Cap[1]. J’ai peine à percer la foule ; un peuple immense, que le désir aveugle de la vengeance avait armé, couvrait les chemins qui conduisent au Cap, et menaçait cette ville des plus grands malheurs. Effrayé de l’abîme au bord duquel elle se trouve placée, je cours l’en retirer. J’apprends dans ma marche que le général agent s’est embarqué… »

Quelle douleur pour le Pacificateur de la Vendée de Saint-Domingue, que cette résolution prise par le Pacificateur de la Vendée de France !

Le fait est, que le général Hédouville n’ayant pas de forces à opposer à l’irruption de la population, à la tête de laquelle étaient T. Louverture, Moïse et J.-J. Dessalines, ne put que s’embarquer sur la frégate la Bravoure, l’une des trois venues avec lui et qui étaient encore sur la rade du Cap. Les principaux fonctionnaires publics, Européens, et environ dix-huit cents personnes de la classe blanche s’embarquèrent aussi. C’est alors que le général noir Baptiste Léveillé, qui commandait l’arrondissement du Cap, prit le parti d’aller en France.

Toutefois, les bâtimens de guerre, bloqués dans le port par les Anglais, y restèrent jusqu’au 27 octobre dans la nuit, où ils mirent à la voile : ils réussirent ainsi à éviter un combat, peut-être leur capture, et arrivèrent en France.


Avant de porter notre jugement sur la mission du général Hédouville, disons ce qui suivit immédiatement son

  1. Kerverseau accuse D’Hébécourt, Européen, d’avoir livré ce fort, étant d’intelligence avec T. Louverture. Il fut conservé dans son commandement de la place du Cap, après le départ d’Hédouville.