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négligerai rien pour rendre la paix à cette partie de la colonie. »

L’agent reçut cette lettre par un aide de camp, au moment de son embarquement, le 2 brumaire an 7 (23 octobre).

Dès le 18, le général Clervaux, du Port-de-Paix, avait donné l’ordre écrit à tous les commandans militaires, de mettre embargo par mer, d’interdire toute communication par terre avec le Cap.

Laissons relater les faits au Directoire exécutif, par T. Louverture lui-même :

« Les choses étaient en cet état, dit-il, lorsqu’après avoir pris possession du Môle, la plus importante et la dernière des places évacuées par l’Anglais, je me disposai à me rendre aux désirs du général agent qui m’appelait auprès de lui. Quelles que pussent être les méfiances dont je devais être environné, quelques fidèles que fussent les avis que je recevais de toutes parts, des plus sincères amis de la prospérité de Saint-Domingue, quelques craintes que m’inspirassent les attentats qu’on méditait contre ma personne, je ne balançai pas de partir pour le Cap ; je cherchai même à donner une preuve de ma confiance à la première autorité, en ne me faisant accompagner que par un aide de camp et un officier de cavalerie. Mais, arrivé sur l’habitation D’Héricourt, des bruits effrayans viennent m’y alarmer. J’y apprends qu’au Fort-Liberté, le 5e colonial, qui concourut tant au rétablissement de l’ordre, à la pacification de la Grande-Rivière, la Vendée de Saint-Domingue, à l’éloignement des Anglais, est devenu la victime des troupes européennes qui livrèrent autrefois aux puissances étrangères les points de la colonie qui avaient été confiés à leur défense… Con-