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En même temps il écrivait aussi à T. Louverture — qu’il regrettait de se trouver obligé quelquefois de désapprouver ses actes, qu’il faut le consulter. Il l’entretint des bruits que semaient les malveillans parmi les cultivateurs, auxquels ils disaient qu’on veut les remettre dans l’esclavage, et qu’ils ne peuvent conserver leur liberté qu’en égorgeant les blancs. « Le pillage est toujours mis en perspective. Les noirs créoles et les hommes de couleur résistent facilement ; ce sont les noirs d’Afrique qu’on cherche à égarer. » Il lui dit en outre, qu’il y avait dans le voisinage du Cap une grande quantité de fainéans et de vagabonds qui faisaient des rassemblemens, et qu’il l’engageait à écrire à ce sujet aux commandans militaires. C’était le 17 septembre (1er jour complémentaire de l’an 6). « Je voudrais que vous puissiez venir ici célébrer avec nous la fête de la République : cela produirait un bon effet. »

Le général Hédouville se trouvait ainsi dans la même situation où était Sonthonax, lorsque, dénonçant à T. Louverture le complot qu’il imputait à Pierre Michel, il lui témoignait aussi le désir qu’il vînt au Cap pour conférer avec lui. L’apparition du général en chef, auteur de tout dans l’une et l’autre situation, fut le signal de l’embarquement de Sonthonax ; elle va être encore le signal de celui d’Hédouville.

Le 22 septembre, jour de la fête, de Descahos, T. Louverture répondit à cet agent, en repoussant toutes ses avances et revenant encore sur ses plaintes antérieures ; mais il lui donna l’assurance qu’il veillait sur les cultivateurs et qu’ils n’égorgeraient pas les blancs, parce que ce serait s’exposer à perdre leur liberté, sur laquelle il veillait aussi. « Croyez, dit-il en réponse à sa lettre du 18,