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générale à cet égard. Il improuva également la nomination de Mamzelle, trop ignorant et capable d’effrayer la population espagnole. À l’égard de la mission de Guybre, et tout en lui envoyant le passeport sollicité par lui, l’agent dit : «Votre retraite ne sera pas acceptée, tant qu’on croira vos services utiles. Je ne puis m’empêcher de vous observer de nouveau, général, que ce n’est pas du Directoire exécutif, mais bien de moi que vous tenez le commandement de l’armée… Je désire bien que vous puissiez venir célébrer avec nous la fête de la République. »

Hédouville connaissait ou pressentait bien la pensée du Directoire exécutif à l’égard de T, Louverture, dont les services étaient si utiles, depuis plus de deux ans surtout, et qui le furent encore davantage par la suite. Mais il mettait le feu aux poudres, par son observation sur le titre de son commandement en chef de l’armée.

Dès la veille il avait adressé une lettre à Sannon Desfontaines, où il lui disait, pour être communiqué à T. Louverture :

« Ce qui est certain, c’est que, si la mésintelligence régnait entre le général Toussaint et moi, ses ennemis ne manqueraient pas de donner crédit à tout le mal que Sonthonax en a dit dans son rapport. Si, au contraire, il me seconde pour l’établissement de l’ordre constitutionnel et l’exécution de mes instructions, j’ose répondre de la tranquillité de la colonie, et assurément il en retirera une plus grande gloire que moi. Je l’engage à venir célébrer avec nous la fête de la République. La preuve de notre union déjouerait les manœuvres des ennemis de l’ordre, et d’ailleurs je lui parlerais à cœur ouvert de beaucoup de choses qui me restent à faire. »