Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/474

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« La lettre ridicule (celle de Maitland, du 23) dont vous m’envoyez copie, n’a d’autre but que de semer des défiances et la discorde dans cette colonie. »

Le 2 septembre, T. Louverture était au Port-de-Paix : de là, il écrivit à Hédouville qu’il avait eu avec Maitland ( probablement la veille ou le 31 août) une entrevue au camp de la Pointe-Bourgeoise, à une lieue du Môle ; que les troupes anglaises lui ont rendu les plus grands honneurs et de la manière la plus majestueuse ; que pour lui donner une marque de son estime et de sa considération, à raison de son humanité envers les prisonniers anglais, de ses procédés généreux et francs, tant durant la guerre que pendant les négociations, Maitland l’a prié d’accepter une couleuvrine en bronze du calibre de 3 et deux fusils à double canons, d’un travail riche et rare. « Je ne m’attendais pas, dit-il, à tant de déférence. Cette fête militaire s’est passée dans le plus grand ordre, au milieu des salves d’artillerie et décharges de mousqueterie. Ce général (Maitland) est parti depuis hier pour l’Europe, et a laissé le commandement au général Spencer. Je présume, ajouta-t-il, que cette réception honorable, faite à un général de la République française, par un général ennemi, ne vous déplaira pas. J’ai su y tenir mon rang et ai répondu de mon mieux à ces témoignages flatteurs d’une si haute considération. »

C’était, de sa part, répondre avec malice et ironie, aux lettres d’Hédouville en date du 26 et du 31 août. On peut présumer qu’il avait dû donner communication à Maitland de ces deux dépêches ; mais il ne fit pas savoir à l’agent quelles choses il avait réglées avec le général anglais de vive voix et qui ne pouvaient se traiter par correspondance.