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avait fait remettre depuis six jours. Ce dernier informait l’agent qu’il venait d’apprendre que le général en chef avait admis au Port-au-Prince un émigré nommé Oneil, colonel d’un régiment noir. « On me cite, ajoute-t-il, beaucoup d’individus qui sont encore rentrés sur une permission particulière du général T. Louverture. Je suppose qu’on ne me dit pas tout vrai, mais je dois tout vous dire. »

Cependant, par une autre lettre de Dalton, du 22, il posait à Hédouville diverses questions sur les émigrés, ou les individus qu’il fallait considérer comme tels, et en même temps il exposait bien des considérations en faveur de ceux classés comme émigrés parmi les habitans : ce qui prouve la difficulté qu’il y avait à établir des catégories exactes.

Le 21, un autre officier, le chef de brigade Boerner, adressait aussi une lettre à Hédouville, où il parlait de l’évacuation de Saint-Marc, de l’amnistie qui avait été proclamée à cette occasion par T. Louverture, et de la difficulté de régler ce qui concernait les émigrés. Il inclinait pour un large pardon en faveur de beaucoup d’individus.

Nous citons ces deux dernières lettres comme atténuation des faits reprochés à T. Louverture, à propos des émigrés ; car, si ces deux officiers français, dévoués à Hédouville, pensaient ainsi sur cette question complexe, il n’est pas étonnant que le général en chef ait jugé comme eux. Le 18 août, Maitland lui adressa une lettre pour lui recommander diverses personnes ; il lui disait : « Je connais trop vos dispositions bienfaisantes envers les malheureux colons, pour ne pas compter sur l’accueil que vous ferez à ma recommandation. »