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un citoyen des États-Unis qu’il recommandait à T. Louverture par une lettre. Cet homme venait lui offrir de vendre des farines qu’il prétendait avoir au Môle, et Maitland ne lui disait pas toute sa pensée dans sa lettre. T. Louverture, en en transmettant copie à Hédouville, lui dit qu’il supposait que le général anglais voulait le porter à consentir au commerce libre de ses nationaux dans les ports de la colonie, ou peut-être voulait-il traiter de l’évacuation de Jérémie et du Môle. Cette interprétation des intentions de Maitland fait croire que l’Américain avait été chargé de paroles verbales. Le 28 juillet, il répondit à Maitland, qu’il voulait bien traiter de l’évacuation de ces deux villes, sinon qu’il ferait marcher ses troupes pour s’en emparer.

Le 30, Hédouville lui répondit que si Maitland venait à lui faire des propositions formelles, de le renvoyer à l’agent du Directoire exécutif qui, seul, avait le droit de traiter avec lui ; et cela, pour lui prouver la bonne entente qui existait entre l’agent et le général en chef de l’armée. Mais, connaissant la susceptibilité de ce dernier, Hédouville lui dit de ne pas voir dans cette disposition une preuve de méfiance de sa part ; car il avait bonne opinion de ses sentimens. Cette précaution produisit l’effet contraire.

S’étant rendu aux Gonaïves, T. Louverture apprit qu’un parlementaire anglais y avait paru et avait fait voile pour Saint-Marc où il espérait le trouver. Il y retourna et apprit encore que le navire avait été au Port-au-Prince. Il s’y rendit de suite et trouva le colonel Harcourt chargé de lettres pour lui, — l’une, datée du 30 juillet, par laquelle Maitland lui proposait l’évacuation de Jérémie et du Môle ; l’autre, du 3 août, où il ne parlait que de l’évacuation de Jérémie, mais en proposant de donner la facilité aux na-