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l’Oraison dominicale : Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Ainsi, à l’exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ, je vous pardonne[1]. »

Au Cap, à l’égard de Rodrigue, Laveaux imitait l’empereur Titus. Il était assez juste qu’au Port-au-Prince, à l’égard des colons, son cher fils imitât Jésus-Christ.

« En vertu de ce pardon, dit Kerverseau dans son rapport, les légions de Dessources et de Montalembert, et une foule d’autres ennemis de la France, qui étaient sortis avec les garnisons anglaises, rentrèrent successivement. Les commandans anglais se retiraient de l’île ; mais ils y laissaient des auxiliaires plus acharnés encore contre la République, — les émigrés, qui, depuis longtemps, avaient jeté les yeux sur Saint-Domingue pour en faire leur proie, et qui s’étaient longtemps flattés d’y ressusciter la monarchie. Ils en environnèrent T. Louverture et entretinrent par ce moyen, dans son cœur, l’esprit de défiance contre le gouvernement français, de haine contre son représentant, et de révolte contre son autorité. »

Voilà des accusations bien formulées contre T. Louverture.

Mais, était-ce de sa faute, si les émigrés français n’étaient pas attachés à la France et à son gouvernement ? Si les colons français avaient été les premiers à trahir la cause de leur patrie ?

Mais, l’agence présidée par Sonthonax, n’avait-elle pas proclamé une amnistie générale en 1796, en faveur de tous ceux qui servaient sous les Anglais, s’ils voulaient se réunir sous les drapeaux tricolores[2] ? »

  1. Rapport de Kerverseau.
  2. « Une proclamation du 17 messidor (5 juillet), offrant amnistie aux Fran-