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que j’aide faire connaissance avec vous. » Il ajouta à sa dépêche, qu’il espérait que T. Louverture réussirait à expulser sans retour les Anglo-émigrés, qu’il le consulterait pour la nomination de tous les fonctionnaires publics dans les lieux rendus à la République, « parce que vous connaissez mieux que moi les hommes et les choses. » L’agent approuva les nominations déjà faites.

T. Louverture l’informa qu’il trouva au Port-au-Prince, les fortifications et cent-trente-quatre pièces d’artillerie en bon état. Il lui dit aussi qu’il avait trouvé la plaine du Cul-de-Sac dans l’abandon le plus complet, sans culture, les routes dans une situation affreuse. En conséquence de cet état de choses, le général en chef fit un règlement, le 18 mai, par lequel il ordonna que les noirs cultivateurs seraient contraints à rentrer immédiatement sur les habitations auxquelles ils avaient appartenu autrefois. Cette mesure fut prescrite avec la plus grande sévérité, et des dispositions analogues furent dictées pour le service de la gendarmerie et des commandans militaires.

En recevant copie de ce règlement, Hédouville l’approuva, et dit à T. Louverture qu’il le régulariserait par un nouvel acte qui compléterait ses vues, parce que c’était à lui, agent de la métropole, à prendre de semblables mesures ; mais qu’il le consulterait. Ce fut là la cause de l’arrêté du 6 thermidor dont nous parlerons plus tard.

Si T. Louverture fut sévère à l’égard des cultivateurs, il ne le fut pas envers les blancs. Le lendemain de son entrée au Port-au-Prince, il fit chanter un Te Deum à l’église paroissiale. À l’issue de cette cérémonie, il monta en chaire et adressa un sermon à tous les habitans de cette ville qui avaient participé à la trahison envers la France ; il le termina par ces paroles : «Mais, nous disons dans