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d’abord Dessalines qu’il envoya ensuite prendre le commandement de l’arrondissement de Saint-Marc, eu le remplaçant à l’Arcahaie par le général Agé.

Le 14 mai, il entra à la Croix-des-Bouquets, où il plaça son frère Paul Louverture.

Le 15, il arriva au Port-au-Prince pour jouir de son triomphe pacifique. La plus brillante réception lui fut faite par les colons. Les prêtres déployèrent les bannières de l’Église ; ils firent porter la croix et le dais, comme on en usait à l’égard des anciens gouverneurs généraux de Saint-Domingue. Les femmes blanches et leurs filles, parées de leurs plus beaux atours, les unes en voiture, les autres » à cheval, se rendirent avec la jeunesse mâle pour lui jeter des couronnes et des fleurs. Des colons se prosternèrent à ses pieds… en attendant le temps voulu pour sacrifier la victime.

Bernard Borgella, maire de la ville, à la tête du corps municipal, prononça un discours élogieux, auquel T. Louverture répondit. Celui-ci refusa le dais et pénétra dans la ville, escorté de son état-major et d’une nombreuse cavalerie ; il s’était vêtu avec la plus grande simplicité. Un grand banquet lui fut offert. La ville fut illuminée, des bals eurent lieu et la discipline la plus sévère maintint l’armée dans l’ordre le plus parfait.

Huin fut nommé commandant de la place, et Christophe Mornet commandant de l’arrondissement du Port-au-Prince. Le 16 mai, T. Louverture écrivit à Hédouville et sollicita de lui le grade de général de brigade pour Ch. Mornet. ; mais le 22, l’agent lui répondit qu’il ne pouvait, d’après ses instructions, élever aucun officier à ce grade, non plus qu’à celui de général de division. Il lui cit ensuite de venir au Cap : « Rien n’égale l’impatience