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toire, suivant Bonnet dans ses Mémoires, à donner en dernier lieu à Hédouvilîe, l’ordre d’observer la conduite de Rigaud avant de mettre à exécution le premier ordre. Bonnet vit Pléville Lepeley, ministre de la marine et des colonies, et Schérer, ministre de la guerre, auxquels il dit les choses les plus propres à faire concevoir une meilleure opinion de Rigaud, que celle qu’on avait conçue à son égard.

Bonnet avait été secondé dans ses intentions d’éclairer le gouvernement français, par Rallier, blanc, ancien ingénieur au Cap, et alors membre du conseil des Anciens. Rallier fit un écrit qu’il publia en cette circonstance, et qui lui attira le mécontentement du fameux Leborgne, membre des Cinq-Cents. Ce dernier publia alors le rapport de la délégation, pour détruire l’influence qu’aurait pu exercer sur l’opinion publique l’écrit de Rallier.

À Leborgne se joignirent Garrigou et Lachapelle, envoyés par les citoyens du Sud pour exposer la conduite tortueuse de la délégation. Dès leur arrivée à Cherbourg avec Pinchinat, Bonnet et Rey Delmas, ils s’étaient empressés de trahir leur mandat. Ces deux hommes, l’un blanc, l’autre mulâtre, (ce dernier affectant de se faire passer pour blanc) avaient été les protégés de Rigaud : ils ne rougirent pas d’ajouter aux accusations de cette tourbe de calomniateurs qui représentaient ce général comme un ennemi acharné des Européens.