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cutif sur lui, pour venir remplacer Sonthonax[1] ; et comme Villaret-Joyeuse fut choisi lui-même en 1801, pour commandant supérieur de la formidable flotte qui vint à Saint-Domingue, nous sommes porté à croire que ses idées de 1797 le désignèrent à ce poste, pour aider à l’établissement de ce régime militaire confié à l’habileté du général Leclerc, bien que sa capacité commemarin le rendait digne de ce choix.

Il faut dire aussi que, si au conseil des Cinq-Cents, des royalistes opinaient pour rétablir les noirs dans l’esclavage ou pour modifier l’état de liberté dont ils jouissaient, au conseil des Anciens un autre royaliste plus éclairé, plus consciencieux, Barbé de Marbois, ancien intendant de Saint-Domingue, avait opiné en faveur du maintien de la liberté générale. Son rapport du 28 ventôse an 5 (18 mars 1797), raisonne trop bien sur cette question, pour que nous n’en citions pas ce passage :

« Malgré les agitations et les orages qui tourmentent Saint-Domingue, la liberté y a jeté de si profondes racines, qu’elle ne peut plus être arrachée de cette terre. L’homme libre y saura conduire la charrue que l’esclave n’a jamais pu, n’a jamais voulu manier. La forme des engagemens à terme ne répugne point aux institutions républicaines.

« Si les arts utiles de l’Europe sont une fois introduits dans les colonies, on ne peut calculer avec quelle rapidité ils en favoriseraient la restauration. Déjà il est reconnu que les affranchis (les noirs émancipés), soit qu’ils se mettent aux gages de ceux dont ils ont été les esclaves, soit

  1. Hédouville fut effectivement nommé le 4 juillet 1797 : on ajourna son envoi à Saint-Domingue, nous ignorons par quel motif. Sans doute, l’idée primitive de sa nomination, était de constituer le gouvernement militaire : comme général, il y convenait.