Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

torité, par la déférence étudiée que Sonthonax avait pour lui. Pascal voyait donc pour lui-même tout un avenir, dans un pays où il était si facile de travailler les finances selon l’expression de Rochambeau.

On a prétendu que ce triumvirat de T. Louverture, J. Raymond et Pascal, fit consentir Sonthonax à son départ, qu’il avait positivement promis, et qu’il se rétracta ensuite. Cela résulte des écrits publiés par J. Raymond et T. Louverture, après le départ de Sonthonax, et de leur correspondance avec le gouvernement français et avec Roume. Mais, d’après le caractère de Sonthonax, nous n’ajoutons pas foi à cette assertion, qui peut avoir été calculée pour jeter sur lui quelque chose de plus odieux, de même que nous n’ajoutons non plus aucune foi à l’accusation portée contre lui par Raymond, de lui avoir parlé de la nécessité d’une constitution spéciale pour Saint-Domingue, d’une indépendance relative de cette colonie vis-à-vis de la France ; de même, enfin, que nous repoussons l’imputation qui lui a été faite par T. Louverture, lorsque celui-ci prétend que Sonthonax lui avait proposé de déclarer la colonie absolument indépendante, en égorgeant tous les blancs[1].

Toutes ces assertions, toutes ces imputations n’ont été, selon nous, que l’œuvre d’un machiavélisme profond, pour pouvoir justifier l’embarquement forcé de cet agent de la France. Il l’avait employé lui-même, à l’occasion de l’affaire du 30 ventôse, en accusant Villatte, Pinchinat et tous

  1. Nous avons signalé plus d’une inconséquence de Sonthonax ; mais nous ne pouvons admettre celle-ci, après qu’il eut accusé les hommes de couleur d’un tel projet. Il y aurait eu plus que de l’inconséquence, en proposant d’égorger ses semblables. Cette accusation est une chose odieuse, criminelle, imaginée par T. Louverture, de même que celle portée par Sonthonax contre les hommes de couleur.