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coupables, les meneurs des factions pourront être atteints, sans compromettre, par les hasards d’une guerre civile, l’existence d’une multitude égarée et séduite… »

Mais, si la paix n’a pas lieu tout de suite, on allumera cette guerre civile pour tâcher de punir les grands coupables : telle est nécessairement la conclusion à tirer de cette lettre, et la mission d’Hédouville ne l’a que trop prouvée. Sonthonax, de retour en France avant le départ de cet agent, a-t-il contribué à ce résultat par ses conseils ?…

Deux autres lettres à un adjoint, au Borgne, et à un chef de bataillon, à Jacquesy, qui demandaient des avances de solde et des objets du magasin de l’état, témoignent des besoins de l’armée des Gonaïves qui sont excessivement pressans ; et Sonthonax refuse de leur donner ce qu’ils sollicitent.

Enfin, une dernière lettre à Idlînger, du 4 fructidor (21 août) lui ordonne — « de mettre à la disposition du capitaine de frégate Billiet, commandant la flûte de la République l’Indien, les sommes nécessaires pour l’approvisionnement de sa table, sur la demande qu’il lui en fera. »


Nous voilà donc arrivé au moment du départ de Sonthonax : cet ordre de donner les sommes nécessaires indique les préparatifs d’un voyage ; et c’est en effet sur l’Indien qu’il est parti. Pour l’avoir donné, il faut qu’il y ait eu de sa part, sinon consentement exprès de partir, entre lui et T. Louverture, du moins résolution prise en raison des circonstances.

Il paraît, en effet, que venu au Cap dans le dessein de contraindre Sonthonax à partir, T. Louverture vit aussi-