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Moïse, J. J. Dessalines, Christophe Mornet, Desrouleaux, Clervaux, Duménil, Maurepas, Bonaventure, etc.

Le 7 novembre, Laveaux rentra au Cap. Le 8, il reçut, sans dire de qui, une pétition qui lui demandait de nommer Villatte, commandant de la province du Nord, à l’exclusion de Pageot. Quel qu’en fût l’auteur, c’était un acte factieux. Laveaux prétend avoir fait mettre en liberté cent noirs détenus à la chaîne par ordre de Villatte, et beaucoup d’autres dans divers postes. Il le dit pour insinuer que ce dernier haïssait les noirs ; et, cependant, les noirs aimaient Villatte ! Comment ont-ils pu aimer un homme qui les haïssait ?

Le 10, la commune s’assembla sous prétexte de nommer un procureur et quatre officiers municipaux ; mais on n’y parla que de nommer des députés au corps législatif. Laveaux y mit empêchement, et les citoyens protestèrent.

Depuis l’incendie du Cap, dit-il, beaucoup de maisons (il voulait dire emplacemens) étaient désertes par l’absence des propriétaires. Les mulâtres et noirs anciens libres s’en étaient emparés pour leur compte. Laveaux et Perroud décidèrent le contraire : de là, du mécontentement, des cabales de la part des détenteurs. Il ajoute qu’en cette circonstance, Villatte lui dénonça les auteurs de ces plaintes : c’étaient Despassier et Péré, deux mulâtres comme Villatte[1]. Celui-ci ne les approuvait donc pas ! À ce moment, T. Louverture écrivit à Pierrot et à Flaville,

  1. Comment, après cet aveu de Laveaux, M. Madiou a-t-il pu dire que — « Villatte profita du mécontentement qui était général, pour organiser un mouvement populaire contre Laveaux, afin, en l’abattant, de se soustraire à l’autorité de Toussaint Louverture qui grandissait chaque jour ? » (Histoire d’Haïti, t. 1, p. 209). — M. Madiou n’aura sans doute pas lu le compte-rendu de Laveaux.