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nationale ! Après le départ des commissaires civils pour la France, l’officier français qui la commandait alla livrer ce bâtiment aux Anglais, au Môle. Ceux-ci lui donnèrent le nom de Marie-Antoinette, en mémoire de l’infortunée Reine de France ; ils le réarmèrent de 14 pièces de canon. Mais un autre officier français l’amena aux républicains, aux Gonaïves. En ce moment, Sonthonax fut d’autant plus heureux de ce retour du navire sous le pavillon national, que la mission de Mentor et Annecy dans l’Ouest, ayant été sans fruit, il désirait les envoyer avec Pierre Antoine fils, prendre leurs sièges au corps législatif. Il écrivit à T. Louverture, le 14 juillet :

« Dans la misère extrême où nous sommes de bàtimens de guerre, je répète qu’il est très-heureux que celui-ci nous soit tombé des nues ; car je ne vous cache pas, cher général, que j’étais très-embarrassé et surtout fort chagrin de ne pouvoir envoyer en France, faute de bàtimens propices, les trois députés de Saint-Domingue qui n’ont pu partir avec leurs quatre collègues. Il est instant que ces représentons du peuple, tous trois noirs, se rendent bientôt à leur poste. Un plus long retard ferait présumer à la France, ou le mécontentement ou l’indifférence de ses enfans de Saint-Domingue, et il est de mon intérêt, du vôtre et de celui de tous nos frères noirs, de prévenir l’injuste soupçon que nos ennemis communs ne manqueraient pas de nourrir de leurs calomnies. »

Après ces considérations sérieuses et politiques, bien propres à convaincre T. Louverture, dans son intérêt et celui des noirs, le 23 juillet, Sonthonax lui adresse une nouvelle lettre au sujet de la Marie-Antoinette. Il n’était pas convenable, sans doute, de lui conserver ce nom devant les membres du Directoire exécutif, dont plusieurs