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moyens d’exercer chacun son genre d’industrie ; ils participeraient eux-mêmes à ces douceurs qui leur rendraient moins pénibles les devoirs de leur état. Voilà, cher général, les moyens que j’ai en vue pour retirer l’armée, tant de l’Ouest (l’Artibonite) que du Nord, de cet état de détresse et de besoin dont mon cœur saigne et que je ferai cesser, soyez-en sûr.  »

Or, comment faire cesser cette détresse, ces besoins, si les finances, dans le Nord comme aux Gonaïves, sont si stériles ? Sont-ce là des consolations pour un général en chef qui veut poursuivre le cours de ses conquêtes, que de lui proposer de réduire le nombre de ses soldats, de les faire alterner par bataillon dans la garnison d’une ville où ils pourront travailler, chacun selon son genre d’industrie ?

On voit dès-lors ce qui en adviendra : le général en chef mettra ordre à tout cela, en congédiant cette autorité civile désormais impuissante. La politique dont celle-ci l’a si souvent entretenu, commandera cette mesure, et elle sera prise infailliblement. Toutes les expressions de tendre attachement, de cordiale amitié, tomberont devant cette nécessité, lorsqu’il y a d’ailleurs tant d’autres causes qui y concourent.


Avant d’en venir à la relation de ce fait extraordinaire, disons encore quelque chose sur les finances et les financiers du Cap.

Le 23 mai, Sonthonax répondit à une lettre d’Idlinger, qui était devenu ordonnateur au Cap, après son retour des Cayes :

«Ce n’est pas la première fois que vous avez outrepassé les limites de vos fonctions sur cet objet (les travaux publics). Cette manie de construire à neuf, lorsqu’à peine