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pendant, là comme ailleurs, devait y avoir la principale part, vu l’état de guerre subsistant[1].

Pendant que le gouverneur général arrivait au Cap, l’infatigable T. Louverture enlevait le bourg de Hinche aux mains des Espagnols.

Le 4 novembre, Laveaux se rendit du Cap à la Marmelade : « Tous les habitans, dit-il, et surtout les blancs, hommes et femmes, ne se lassaient pas de rendre hommage aux vertus d’un homme qui comptait tous les instans de son existence par les bienfaits qu’il répandait sur tout ce qui l’entourait, par les services de tous genres qu’il rendait à tous, sans distinction d’opinions ni de couleurs ; et qui, dans toutes les occasions, faisait observer pour le droit de propriété, le respect sans lequel il n’existe ni ordre, ni société. » C’est de T. Louverture qu’il parle. Nous aimerions à trouver, sous la plume de Laveaux, l’éloge de ce révolutionnaire qui faisait respecter les habitans sans distinction aucune, qui faisait respecter aussi les propriétés non moins sacrées, si, rendu en France alors, cet éloge de sa part n’était pas le résultat d’un système injuste envers d’autres officiers supérieurs qu’il dénigra, sans raison. Nous aurons beaucoup de reproches à lui faire à ce sujet.

De la Marmelade, Laveaux et Perroud allèrent visiter Saint-Michel, Saint-Raphaël et Dondon, que T. Louverture venait de conquérir à la France. Là, le gouverneur général et lui se voyaient pour la première fois. T. Louverture lui présenta les principaux officiers qui s’étaient distingués par leur bravoure, en combattant les Espagnols. C’étaient

  1. Nous croyons erronée, d’après Laveaux même, l’assertion de M. Madiou (Hist. d’Haïti, t. 1, p. 208,) qui dit que « ce gouverneur vint au Cap où la municipalité dévouée à Villatte lui suscita toutes sortes d’embarras. »