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sible que Pierre Michelait formé cette conspiration, lorsque T. Louverture était déjà général en chef de l’armée ? Qui ne voit la main de ce dernier dans cette prétendue trame de Pierre Michel ?

Déjà, le 6 avril, Sonthonax avait écrit à Charles Chevalier, qui commandait à Caracol, sur une vaste conspiration qui paraissait se former en cet endroit, où Moïse commandait en chef. À celui-ci, il avait écrit le 13 du même mois, sur un mouvement semblable dans tout son arrondissement ; et il venait de faire arrêter Macaya à la Grande-Rivière, pour le même objet.

Mais, ce qui est encore plus positif, c’est que cinq jours après la nomination de T. Louverture au grade de général en chef, le 8 mai, Moïse adressa une lettre à Sonthonax où il lui disait, qu’il avait appris que le commissaire député au corps législatif, allait partir pour France : l’administration municipale du Cap lui écrivit sur le même objet, en le requérant, au nom du peuple, de continuer à tenir les rênes du gouvernement de la colonie. Sonthonax répondit à Moïse : «Je ne partirai pas : je ne devais pas partir ; je n’ai jamais eu l’idée de partir… Cependant, si je recevais un ordre du gouvernement de me rendre en France, je donnerais, par mon obéissance, l’exemple de celle qui est due par tout subordonné à une autorité supérieure. Je partirais, mais avec le plus vif, le plus tendre regret de quitter mes amis (les noirs). »

T. Louverture étant retourné dans l’Artibonite, le 14 mai, l’administration municipale des Gonaïves, — le 24, celle de la Petite-Rivière, adressent d’autres lettres à Sonthonax au sujet de son départ prochain, et reçoivent semblable réponse de sa part.

Ces bruits coïncidant avec l’élévation de T. Louver-