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de la faction coloniale et l’aveuglement du Directoire exécutif et de ses agens, ne fussent funestes à la liberté des noirs et à l’union des mulâtres avec eux. Rigaud n’ignorait pas cependant que T. Louverture s’était déjà montré hostile aux hommes de couleur ; mais il crut qu’il devait prendre cette initiative auprès de son frère d’armes, et lui faire transmettre ses pensées par un officier d’honneur, justement considéré dans le Sud et dans l’Ouest, et d’autant moins suspect dans une telle mission, qu’il était connu aussi pour être sincèrement attaché à la France, leur patrie commune.

Pelletier réussit à s’aboucher avec T. Louverture, aux Gonaïves, malgré l’ordre d’arrestation que Sonthonax envoya contre lui ; il avait éventé cette mission qui lui donnait de l’ombrage.

Ces détails que nous puisons dans l’écrit déjà cité de Gatereau, se trouvent confirmés par le passage suivant du rapport de Kerverseau, au ministre de la marine, et par une lettre de Sonthonax que nous citerons plus loin :

« Les tentatives que fit Sonthonax pour pénétrer le mystère d’une correspondance très-suivie qu’il entretenait avec Rigaud, depuis que celui-ci s’était déclaré en scission ouverte avec les agens… »

Ainsi, il est constaté, pour nous, que Rigaud fit ce qu’il put pour éclairer T. Louverture, pour appeler son attention sur la politique que suivaient Sonthonax et le gouvernement français : politique qui tendait à désunir des frères, qui devait amener leur ruine commune, au grand avantage de la faction coloniale qui s’agitait en France, qui tramait contre eux afin de parvenir à la restauration de l’esclavage.

Il nous est démontré encore que la promotion de T.