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tarda pas à les réclamer, en échange d’autres prisonniers ; mais les Anglais n’y consentirent pas.

Ils refusèrent également, et aux colons et à Sonthonax, de livrer ces hommes qu’ils réclamèrent.

Nous trouvons toute naturelle la démarche des colons ; mais nous qualifions celle de Sonthonax de mauvaise action. Un sentiment de délicatesse personnelle aurait dû le porter à s’abstenir de réclamer l’extradition de Pinchinat : sa haine ne connut point de borne, et l’histoire doit flétrir un tel sentiment, en rendant hommage à la générosité des Anglais[1].

Embarqués le 15 février 1797 sur la frégate le Succès, les prisonniers furent amenés à Portsmouth, en Angleterre, où ils restèrent jusqu’au 1er août de la même année. Échangés par le gouvernement français, ils furent conduits tous à Cherbourg[2].

  1. En 1803, nais tous deux en prison à la Conciergerie de Paris, Sonthonax se rapprocha de Pinchinat. L’infortune a ses enseignemens : elle sait corriger les hommes de leurs passions.
  2. Le rapport de Leborgne a osé dire que Pinchinat s’est volontairement rendu en Angleterre — « pour traiter avec Pitt de la livraison de Saint-Domingue, et mettre sa fortune à couvert. »