Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que penser alors de cette agence, de Sonthonax surtout, qui seul parmi ses membres, avait connu les antécédens de Leborgne, de Rey, de Desfourneaux, d’Arnaud Pretty, d’Idlinger, de tous ces hommes envoyés pour mettre tout à feu et à sang dans le Sud comme dans l’Ouest ?

« Est-ce au choix de ces agens, dit le rapport de Marec, au caractère personnel de tel ou tel d’entre eux, à leur conduite passée dans la colonie, aux actes de leur administration actuelle, qu’il faut attribuer les malheurs que j’ai à décrire ? Ou n’ont-ils été que le produit de la résistance apportée à l’autorité des délégués, l’effet des intrigues criminelles de Pinchinat, et de cet esprit d’ambition et d’indépendance reproché depuis quelque temps aux hommes de couleur, et principalement à leurs chefs militaires ? Il a été jusqu’à présent très-difficile, impossible même à votre commission de découvrir l’exacte vérité sur la cause de ces maux. Ce qu’il y a d’incontestable et de déplorable en même temps, c’est leur réalité… Mais quand les faits parlent (d’après l’agence du Cap), quand plus de deux cents blancs peut-être (ce qui était faux), de tout âge et de tout sexe ont été inhumainement massacrés par les ordres des hommes de couleur ou même de leurs propres mains, faut-il encore hésiter à les accuser[1] ?… Je poursuis, au reste, mon récit, et j’en puise la particularité dans les diverses dépêches et actes de la commission de Saint-Domingue.

« Quelque temps après, ajoute la commission dans sa

    réellement ; mais que Sonthonax exigea qu’il en retranchât tout ce qui pouvait prouver que la délégation. Leborgne-Rey et Desfourneaux avaient mal agi. Voilà comment les gouvernemens sont entraînés dans une fausse voie. Au reste, Sonthonax s’entendait très-bien avec le Directoire exécutif.

  1. Suivant un écrit de Pinchinat, il n’y eut que 40 personnes de toutes couleurs qui furent assassinées dans ces troubles. Mais c’était trop ; il ne fallait pas qu’une seule le fût. Les délégués conviennent qu’il y eut des noirs et des mulâtres assassinés avec les blancs.