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de Rigaud, si leur projet avait réussi. Arrêter Lefranc d’abord, puis Augustin Rigaud, puis Rigaud lui-même !

C’était, au reste, compter beaucoup sur cette docilité de Bauvais envers n’importe quel agent qui parlait au nom de la France ; et nous n’en sommes pas étonné : il n’a su faire autre chose, quelles que fussent les circonstances.

Au bruit de la générale et du canon d’alarme, Bauvais se rendit auprès de la délégation. Du moment qu’il avait accepté sa nomination aux Caves, il n’avait pas autre chose à faire que de se rendre à ses ordres. Jacques Boyé, chef de brigade, et Pierre Fontaine, aide de camp de Bauvais, s’y rendirent avec lui. Il obéit aveuglément à la délégation.

Desfourneaux donna l’ordre au chef de brigade Nadan, d’aller s’emparer de l’un des forts, avec une portion des troupes européennes. Cet officier fut repoussé et blessé dans l’action qui s’engagea. Desfourneaux marcha contre l’autre fort, et ne put l’enlever. La nuit fit cesser le combat.

Pendant la nuit du 28 au 29 août, tous les noirs de la plaine des Cayes furent mis sur pied par Augustin Rigaud, qui s’était d’abord porté à la Tourterelle auprès de Lefranc, et qui de là s’était rendu en plaine d’où il revint au fort.

Le lendemain, 29, la délégation envoya une députation à ce fort, pour sommer les rebelles de se soumettre, en livrant Lefranc pour être embarqué sur l’Africaine. Cette députation, composée de Bonnard, Bleck, Fontaine et Blanchet aîné, alors sénéchal aux Cayes, ne put rien obtenir d’eux.

Lefranc et Augustin Rigaud s’étaient empressés de mander le général Rigaud, en lui faisant savoir ce qui se passait aux Cayes. De leur côté, les délégués reconnurent la nullité de leurs moyens et le pressèrent aussi de venir, en lui envoyant un exprès. Il partit de Tiburon avec les