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Le même jour, la colonne de Desfourneaux rencontra le camp Raimond, fortifié, mais moins défensif que celui de Davezac contre lequel il marchait. Desfourneaux dirigea en personne l’attaque qui ne réussit pas : poursuivi par l’ennemi, il se retira en désordre au camp Périn, en faisant enterrer une pièce de campagne[1]

Doyon fut forcé de revenir aux Baradères, par l’insuccès de la tentative contre le camp Raimond. Il n’avait pas combattu.

Nous devons citer ici quelques lignes du rapport imprimé que nous avons sous les yeux, signé Leborgne et Kerverseau, et publié à Paris en 1797, pour faire voir comment ces deux délégués racontent les faits de cette campagne infructueuse ; nous aurons à prouver cependant que Kerverseau le signa malgré lui :

« Les délégués, disent-ils, avaient tourné tous les regards vers la guerre contre les Anglais. Toutes les troupes furent mises en mouvement. Ils avaient jugé qu’ils ne pouvaient se maintenir que par ce moyen décisif. Un premier succès, et le bon traitement qu’ils se proposaient de faire aux vaincus, devaient les conduire du Sud au Nord. La colonie était sauvée : les Français en devenaient les maîtres. »

Hélas ! pourquoi ce revers vint-il faire avorter un si beau plan !

Après avoir dit ensuite que Rigaud n’a eu avec l’ennemi que quelques escarmouchades, où il parait avoir eu des avantages, ils ajoutent qu’à l’attaque du camp Rai-

  1. Nous avons une lettre de Desfourneaux, du 7 août, adressée à la délégation au moment d’entrer en campagne. Il lui disait qu’il avait peu d’espoir d’enlever les camps ennemis, partout bien fortifiés. Ce fut une raison de plus pour la délégation de se joindre à sa colonne, afin de soutenir son moral affaibli.