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nistration de la province du Sud ; il convenait aussi d’essayer de substituer peu-à-peu à l’aspérité du gouvernement militaire, la douceur du règne des lois constitutionnelles, et de l’autorité des magistratures civiles… »

Tel était le but apparent, officiel, de la mission de la délégation. Dans le Nord, le gouvernement militaire régnait, comme il avait toujours régné dans la colonie ; à ce gouvernement, l’agence avait réuni l’exercice du pouvoir arbitraire le plus exorbitant, signalé par le rapporteur lui-même ; elle n’avait pas fait publier la constitution qui fut proclamée trois mois après, et aussitôt suspendue par l’état de danger, la loi martiale, et cependant elle voulait faire cesser dans le Sud le gouvernement militaire !

Les délégués avaient pour instructions, avouées dans les actes :

« 1o  D’égaliser tous les droits entre tous les citoyens sans distinction de couleur ; 2o  de ne pas oublier dans les récompenses à accorder, les services rendus par les hommes qui avaient concouru à la conservation du territoire français ; 3o  de rechercher si la conspiration qui avait éclaté au Cap, le 30 ventôse, n’avait pas des ramifications dans le Sud ; 4o  de destituer l’ordonnateur Gavanon et le contrôleur Duval Monville, dont la cupidité dévorante avait anéanti les ressources nationales ; 5 enfin, ils étaient porteurs d’un arrêté de la commission du gouvernement, qui leur enjoignait d’envoyer Pinchinat devant elle, comme prévenu d’avoir organisé les troubles du Cap, et pour rendre compte de sa conduite : ils étaient investis, de plus, du droit de décerner des mandats d’arrêt contre ceux qui conspiraient contre la sûreté et la tranquillité publique. Leurs pouvoirs ne devaient durer que trois mois. »