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jet de le faire arrêter. Aussi, nous ne voyons pas dans les écrits de Montbrun qu’il l’en ait accusé. Il n’accuse pas non plus les officiers appelés en conseil à Miragoane, par Rigaud. Que pouvaient-ils opposer à la volonté de leur chef, muni de la lettre de Polvérel ? Il se plaint seulement de la brutalité de Blanchet jeune et de Lefranc.

Il est fort probable, que si son arrestation n’a pas eu lieu à Jacmel même, c’est que Rigaud aura craint d’ensanglanter cette ville, puisqu’une partie de la légion s’était déclarée en faveur de Montbrun. Cette circonstance aurait pu atténuer ses torts, si l’on pouvait lui concéder quoi que ce soit à ce sujet. Mais nous découvrons dans l’opinion de Pétion en faveur de Montbrun, la cause du peu d’estime qu’il eut pour Rigaud et Bauvais, et dont nous aurons à citer quelques traits par la suite[1]. L’arrestation opérée quelques jours après, alors que Montbrun était sur sa propriété, sur la foi de la décision rendue le 29 août, ne dut pas être un motif de le faire revenir sur le compte de ces deux chefs.


Disons ici, pour terminer ce qui est relatif à Montbrun, comment il fut traité en France.

Après avoir langui encore près de deux ans dans les prisons, malgré toutes ses réclamations pour être jugé, il fut transféré à Nantes où, le 21 avril 1798, on commença l’instruction de son procès. Le 2 juin, enfin, il comparut par devant un conseil de guerre présidé par un adjudant-général[2].

  1. Voyez à ce sujet, la note de la page 164 de la Vie de T. Louverture, par M. Saint-Rémy.
  2. Le signalement décrit dans le jugement rendu le même jour, porte que Hugues Montbrun était né dans la paroisse d’Aquin, le 12 juin 1756, qu’il avait