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À ce sujet, le rapport de Marec constate ces choses curieuses, résultant de la correspondance de l’agence avec le gouvernement français :

« Elle présente, dit-il, des réflexions très-douloureuses sur la position critique des Européens dans la colonie, sur l’acharnement dont ils sont l’objet de la part des Africains insurgés, sur l’insubordination des généraux noirs, sur l’impuissance où est la commission d’arrêter tant de désordres, et sur la triste extrémité où elle est réduite de combattre l’anarchie et l’ignorance, par des proclamations et des arrêtés qui, à chaque instant, sont mal interprétés, quelquefois censurés, rarement exécutés… »[1]

De là, la justification de l’acte qui déclarait la partie du Nord en danger.

Cependant, nous aurions cru trouver une autre conclusion de la part de cette agence, après la déportation de Villatte et de ses compagnons, après la terrible accusation portée contre la classe des hommes de couleur, seule cause de tous les maux dont on souffrait alors. Mais voilà que maintenant, c’est le tour des noirs qui sont acharnés contre les blancs ; c’est aussi le tour de ces généraux qui, parmi eux, ont été considérés comme les sauveurs de la colonie, pour avoir mis en liberté Laveaux et Perroud : ces généraux noirs sont insubordonnés ! La commission est impuissante à arrêter les désordres !

Que faudra-t-il donc faire, pour protéger les Européens ? Recourir, s’il se peut, à ces nombreuses troupes européennes que sollicitait Laveaux, dans sa correspondance confidentielle que Dufay nous a dévoilée ; et alors, ce sera le moyen d’agir et contre les noirs et contre les mulâtres.

  1. Rapport de Marec, pages 103 et 104.