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Delair et Villatte pour les commander, alors que ces trois hommes de couleur avaient été déjà arrêtés et déportés en France, insinuant ainsi que c’étaient les mulâtres ennemis de la République française et de la liberté générale (sic), qui étaient les auteurs de la révolte. Cependant, nous trouvons dans le rapport de Marec, quel’agence rendit compte de ces événemens en France, en disant que — « les premiers actes de ces malheureux égarés furent marqués au coin de la barbarie et de la haine la plus prononcée contre les blancs et des hommes de couleur. Une partie de ceux qui furent rencontrés, furent impitoyablement assassinés ; toutes les habitations qui leur étaient destinées furent brûlées… »

Ainsi lancé au galop dans la voie de la persécution contre les hommes de couleur, T. Louverture n’arrêtait pas son cheval : une seule préoccupation assiégeait son esprit, — c’était de parvenir à une position supérieure, en flattant les passions de ceux qui pouvaient y contribuer.

Le fait est que les révoltés alléguaient, suivant Marec, pour principaux griefs : 1o le supplice d’Étienne Datty ; 2o surtout la peine capitale infligée à ce rebelle, tandis que d’autres rebelles autant et plus coupables peut-être avaient été renvoyés en France (Villatte et d’autres) ; 3o la persécution de tous les cultivateurs qui avaient servi sous les ordres d’Étienne ; 4o les poursuites à main armée, dirigées contre eux par Pageot ; 5o enfin, le parti pris depuis quelque temps, de ne leur payer qu’en monnaie de papier le produit de leur travail, monnaie qui était pour eux presque de nulle valeur.

Voilà, en définitive, la source de tous ces troubles, de tous ces assassinats, ce qui donnait à Étienne Datty une si grande influence sur l’esprit de tous ces malheureux :