Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une conspiration ? Une conspiration au Cap, de la part de Chanlatte, au moment où l’on embarquait Villatte, où le système traquait les hommes de couleur ! Allons donc ! Veut-on savoir le motif caché (nous copions l’expression à la mode à cette époque et dont l’arrêté contre Pinchinat nous offre un exemple) de cette dénonciation de T. Louverture contre A. Chanlatte ? Qu’on se rappelle que cet officier, laissé à Plaisance par Polvérel, à la fin de 1793, reprit Ennery des mains de T. Louverture qu’il refoula jusqu’au-delà de la Marmelade. Gabriel Lafond et les autres dénommés dans cette lettre, étaient des hommes de Saint-Marc où Chanlatte avait été capitaine-général de la garde nationale ; c’étaient ses amis : de là le crime pour lequel ils périrent tous, en 1799.

Ce n’est pas tout. Le 3 juillet, le général de division T. Louverture, commandant le département de l’Ouest (Desfourneaux commandait le département du Nord), écrit à Laveaux qu’il réunit les preuves contre les coupables qu’il avait fait arrêter et emprisonner aux Gonaïves, avant de se rendre au Cap pour l’affaire du 30 ventôse, — Guy, Chevalier et Danty. Il annonce à Laveaux que Savary (le traître de Saint-Marc) vient d’arriver du Sud avec Bonnet, et qu’il attend les ordres de Sonthonax et de Laveaux à son sujet[1]. Il revient sur la nécessité de faire renvoyer aux Gonaïves, Gabriel Lafond et les autres, — « parce que leur séjour au Cap ne tend absolument qu’au mal et qu’ils ne préméditent rien de bon. » Il voulait les avoir sous sa main.

Le 16 juin, il dénonce encore Delair, Levasseur et Va-

  1. L’agence, par deux actes, fit arrêter et déporter Savary en France, sur le vaisseau le Fougueux. Il partit en juillet.