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donné un défi qui a été noblement relevé par l’un d’entre eux. Mais Pétion a compris en 1802, ce dont il avait toujours été pénétré : — que la cause du mulâtre était et sera toujours intimement liée à celle du noir. Il a agi en conséquence de ce sentiment de fraternité qui les unit ; et lorsque nous arriverons à cette époque mémorable, nous le démontrerons, nous dirons ce qu’il a fait.


Maintenant, continuons l’examen des actes de l’agence.

La nomination faite par Laveaux, de T. Louverture à la lieutenance du gouvernement, n’impliquait pas, pour l’agence, l’obligation de le reconnaître en cette qualité, puisque 1o Laveaux n’était point autorisé à partager ni à déléguer son pouvoir, son autorité ; et que 2o nommé gouverneur provisoire, ce titre cessait de droit par l’arrivée de l’agence, et qu’il ne fut plus qualifié que de général en chef de l’armée, pour la partie française, tandis que Rochambeau était commandant en chef pour la partie espagnole. Mais, d’après le système des dépêches secrètes, d’après les vues conçues par l’agence, et surtout d’après les faits existans, il était impossible que cette agence ne prît pas une résolution à l’égard de T. Louverture dont l’influence était visible ; et cette résolution fut de l’élever au grade de général de division. Cette promotion eut lieu dans les derniers jours de mai, pendant que l’agence déportait Villatte.

À cette époque, Rigaud écrivit une lettre à Laveaux pour lui accuser réception d’une autre de Sonthonax, imprimée, qui donnait l’approbation de l’agence, à toutes les promotions d’officiers militaires faites par Laveaux, notamment à compter du 30 ventôse. La lettre de Rigaud fut apportée par Bonnet : — « J’envoie Bonnet, mon aide