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qui ont eu lieu dans la partie du Nord de Saint-Domingue. Il le data du 26 germinal (15 avril) ; mais ce fut un faux, car il ne l’a publié au Cap que le 8 juin, afin de l’envoyer en France sur la même corvette qui amenait Villatte et ses compagnons d’infortune. Il publia un second écrit intitulé : Conspiration dévoilée d’une horde de mulâtres de Saint-Domingue, contre les autorités républicaines et contre les blancs. Ces deux écrits attribuaient les projets les plus abominables aux hommes de couleur. Villatte et Pinchinat surtout, y furent accusés de vouloir l’extermination des blancs et l’indépendance de la colonie. Perroud venait ainsi en aide à la commission.

Sonthonax, qui avait dit dans son discours prononcé au Champ-de-Mars, qu’il improuvait de tels écrits, donna son assentiment à ceux de Perroud, qui accusaient toute la classe des hommes de couleur. C’était toujours le même homme, s’inquiétant fort peu de ses déclarations antérieures, agissant par expédient.

Ainsi, voilà tout un système combiné contre les hommes de couleur. Pour l’appuyer et le démontrer, en même temps que Perroud publiait ses écrits, Julien Raymond faisait imprimer au Cap, une adresse aux citoyens de couleur du département du Sud, qui fut expédiée aux Cayes à la délégation envoyée là par l’agence. Nous n’avons pas cette adresse de Raymond ; mais le mémoire publié par Rigaud en 1797, nous en fait connaître la substance. Raymond faisait aux hommes de couleur le reproche de s’être accaparés de toutes les places, de tous les emplois publics ; il peignait les plus marquans d’entre eux comme des hommes plongés dans la débauche et la dissolution, dévorés d’ambition et insatiables de richesses[1]

  1. Nous trouvons dans sa correspondance avec les hommes de couleur du Sud