Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décision, nous reconnaissons encore le génie de la rancune personnifié en Sonthonax ; nous nous expliquons les dépêches secrètes confiées à l’agence du Directoire exécutif.

Aussi le rapport de Marec nous apprend que :

« La commission acquérait de jour en jour de nouvelles lumières sur cette affaire, l’une des plus importantes qui auront marqué dans la révolution de Saint-Domingue, puisqu’elle semblait avoir pour objet d’établir sur la destruction de la couleur blanche et sur l’ignorance des noirs, le triomphe de la couleur jaune, et l’élévation de quelques individus accrédités. Le 26 prairial (14 juin) la commission : « Considérant, dit-elle, qu’il résulte de l’examen le plus impartial des pièces produites dans cette affaire qu’il a existé un complot affreux contre la sûreté de la colonie, la souveraineté de la métropole et l’existence des Européens à Saint-Domingue ; que le chef les plus en évidence de cette conjuration est le ci-devant général Villatte, et que ses complices les plus apparens sont les nommés Thomas André, Beaucorps, Binet, Legris, Lagneux, Allers aîné, Bossière, Bienaimé Gérard, Descoubet, Potrier, Daumec[1], Despeyron, Blot, Beaubert jeune, Joseph Laboulay, Bérard, Demangle, Penet père, Penet fils, Nicolas Grissot, Binot (presque tous hommes

  1. Daumec, devenu sénateur de la République d’Haïti, fit partie de la mission envoyée à Paris, en 1825, par Boyer, à l’occasion de l’ordonnance de Charles X qui reconnaissait l’indépendance d’Haïti. Embarqué, déporté en 1796, pour un prétendu projet d’indépendance, il concourut au Port-au-Prince à l’acceptation de cette ordonnance, qui, malgré son ambiguité, admettait, octroyait le fait existant.

    Les hommes qui subissent des persécutions politiques doivent s’y résigner ; car ils ne savent pas à quoi Dieu les destine : souvent la compensation de leurs tribulations arrive longtemps après. Boyer lui-même faillit d’être noyé à bord du vaisseau le Duguay-Trouin, parce qu’il était l’ami de Pélion qui combattait pour l’indépendance ; et ce fut à lui que Dieu réserva l’honneur de faire reconnaître cette indépendance de son pays !