devait être observée à leur égard : la population les acclama aux cris de Vive la République ! Vive la liberté générale ! Vive Sonthonax ! Ils se rendirent sur la place du Champ-de-Mars, où, monté sur l’autel de la patrie, Sonthonax, chef de cette commission, prononça un discours comme il savait en faire. Il parla de l’événement du 30 ventôse comme il le devait, d’après le fait matériel, d’après le devoir moral de tous les citoyens. Il termina son discours par ces paroles :
« Citoyens, celui-là est l’ennemi de la République, qui cherche à faire naître la division entre ceux que nos oppresseurs appelaient des castes. Il n’y a pas de caste coupable ; lorsqu’il y a des crimes commis, ce n’est pas la peau, c’est le cœur qu’il faut accuser ; et nous nous empressons d’improuver hautement les écrits dans lesquels une fausse doctrine, contraire à nos principes, aurait été exprimée : les noirs, les hommes de couleur, les blancs ont vu sortir parmi eux des traîtres, des ennemis des droits de l’homme, et ce n’est pas nous qu’on pourra accuser de faire rejaillir sur la classe entière les fautes des individus. »
De tels principes seront toujours irréprochables. Mais dans toute médaille il y a deux côtés. Nous parlerons bientôt des écrits de Perroud contre toute la caste des hommes de couleur, écrits que Sonthonax n’a pas improuvés.
Les agens émirent une proclamation pour annoncer leur arrivée et l’objet de leur mission ; leur secrétaire général l’adressa à toutes les autorités civiles et militaires.
Le lendemain de leur arrivée, ils prirent un arrêté à l’effet de faire comparaître Villatte par-devant eux. Le général Bedos en fut porteur.
Villatte n’hésita pas un seul instant à y obéir. Il se ren-