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Julien Raymond, second personnage, était envoyé par rapport aux hommes de couleur, « pour leur prouver que la République française les comptait aussi au nombre de ses enfans…, que la vertu et les talens leur ouvraient, comme à tous les Français, la carrière des premières magistratures de l’État. Il importait enfin…, en plaçant au milieu d’eux un homme de leur couleur…, d’étouffer ces semences funestes d’ambition, ce fatal désir d’indépendance, qui commençaient à germer dans le cœur de quelques chefs militaires de cette couleur, et de leurs aveugles partisans, »

On voit ici toute l’influence des rapports de Laveaux, de Perroud, sans même nous arrêter aux suggestions de Sonthonax, si prévenu contre les hommes de couleur à son départ, et à celles de Desfourneaux, irrité et confus de sa défaite au Port-au-Prince. Ces chefs militaires, c’est Villatte d’abord, devenu coupable, il est vrai, mais dont la culpabilité a été provoquée par des injustices, des préventions au-dessus desquelles il aurait dû se placer ; c’est Bauvais toujours si soumis aux autorités de la métropole ; c’est le Vainqueur de Léogane et de Tiburon, pour nous servir de l’expression de Garran, c’est Rigaud, enfin, qui, comme Bauvais, n’a cessé de correspondre avec Laveaux depuis le départ des commissaires civils. Citerons-nous des officiers secondaires ? Ils n’avaient aucune influence comme ces trois généraux.

Aveuglement des gouvernemens et de leurs agens ! Le chef militaire qui vient de réduire Laveaux à un rôle subalterne, qui prépare une indépendance bâtarde pour la colonie, est considéré comme l’officier par excellence, qui seul veut la retenir sous la souveraineté de la France !…

Le troisième membre de l’agence était Giraud, ancien