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sait contre lui à Jacmel : il y retourna. À son arrivée, il trouva cette ville agitée. Considérant Bauvais comme le principal auteur de ces troubles, il lui ordonna les arrêts : c’était dans la nuit du 16 au 17 août. Mais Bauvais, loin d’obéir à cet ordre, se porta au fort Béliot, qui est dans la ville même, et déclara qu’il ne se soumettrait plus à Montbrun. Une partie des officiers et de la légion se manifesta en faveur de Bauvais, l’autre pour Montbrun, l’artillerie surtout que commandait Pétion. Jacques Boyé était pour Bauvais[1].

Afin d’éviter un combat, les officiers s’entremirent entre ces deux rivaux, et ils consentirent tous deux à s’en rapporter à la médiation de Rigaud, d’après l’avis des officiers. Cette issue devait favoriser l’exécution des conseils, ou plutôt des instructions, des ordres de Polvérel.

Rigaud ayant accepté la médiation, s’adjoignit Pinchinat, déjà rendu aux Cayes. Ils arrivèrent ensemble à Jacmel ; et le 29 août, après avoir entendu les deux adversaires, ils dressèrent un procès-verbal où ils décidèrent que Montbrun céderait le commandement de l’Ouest à Bauvais, pour se retirer sur son habitation à Aquin. Force fut à Montbrun de se soumettre à cette décision. Il gagna ses pénates immédiatement.

Le 7 septembre, Rigaud étant à Miragoane, y décida l’arrestation de Montbrun, dans un conseil où il avait appelé Doyon, Tessier, Renaud Desruisseaux, Marc Borno et Blanchet jeune. Ce dernier fut chargé d’exécuter l’ordre écrit par Rigaud. Le 8 septembre, il l’exécuta, dit Mont-

  1. Nous avons ouï dire qu’à cette occasion, Pétion et J. Boyé eurentun duel où le premier fut légèrement blessé.