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Domingue cédée à la France, le caractère conciliant de Roume fut plus efficace qu’en essayant de ramener l’union dans l’ancienne partie française.

Dès son arrivée, l’archevêque Portilla avait ordonné aux prêtres de sa juridiction de sortir de la colonie et de retirer le mobilier des églises et des communautés religieuses établies là. Les prêtres furent plus sages que leur pasteur. Comme il était impossible que la population entière abandonnât le sol et ses propriétés, pour user du droit qui était réservé à tous ceux qui ne voudraient pas vivre sous les lois de la France, ces prêtres pensèrent avec raison, qu’ils ne pouvaient pas se séparer de leurs ouailles. Cette disposition favorable servit à Roume, pour ramener l’archevêque à des idées plus conformes à son propre devoir : il fut convaincu et demeura dans son diocèse, surtout par les formes qu’employa l’agent de la République.

Les députés des généraux, venus auprès de Roume, profitèrent de cette circonstance pour lui représenter la nécessité de faire passer dans la partie française, les armes et les munitions disponibles qu’offriraient les places de la partie espagnole, et dont on avait grand besoin pour la guerre qu’on soutenait contre les Anglais. Ces objets appartenaient à la France, en vertu du traité de cession. Roume écrivit en conséquence à Don J. Garcia, qui prétexta de la neutralité de l’Espagne dans la guerre entre la France et la Grande-Bretagne, afin de ne rien livrer en fait d’armes et de munitions. Mais il offrit de livrer immédiatement la partie espagnole à l’autorité française, persuadé qu’on ne pourrait en prendre possession. Toutefois, cette offre de Don Garcia amena la prise de possession du Fort-Dauphin par Laveaux qui s’y rendit dans