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entre les chefs, inspiré la méfiance chez une petite portion de cultivateurs, enfin fait commettre des crimes qui déchirent encore cette colonie qui commençait à renaître de ses cendres ! »

Comme on le voit, Laveaux ne manquait pas de conseils : d’un côté T. Louverture, de l’autre Perroud, agissaient sur son esprit.

Ainsi encore, on voit qu’avant la conférence des commissaires, Perroud était au courant de tout ce que Roume leur dévoila. Il savait que c’étaient les Léopardins, c’est-à-dire, les blancs anciens partisans de l’assemblée de Saint-Marc et de celle du Cap même, qui étaient les moteurs de tous ces troubles, et Léger Duval, ancien membre de ces assemblées, n’y a joué qu’un trop grand rôle. Et les monstres de contre-révolutionnaires ne pouvaient être aussi que des blancs qui divisaient les chefs, qui égaraient une petite portion des cultivateurs ; car les mulâtres, qui étaient classés au dernier rang dans l’état de nature, souffraient seuls en ce moment de toutes ces divisions, suscitées par leurs ennemis de tous les temps.

N’est-il pas évident, par toute la correspondance que nous avons citée, ne sommes-nous pas autorisé à dire, que ceux qui divisaient les chefs secondaires, étaient les blancs eux-mêmes, à commencer par Laveaux et Perroud, et non pas les mulâtres qu’ils désunissaient avec les noirs ? Les mulâtres pouvaient-ils être des contre-révolutionnaires, lorsqu’ils avaient tout gagné par la révolution ? Sans cette révolution, Villatte, leur chef dans le Nord, aurait-il pu prétendre à l’honneur de devenir un général dans l’armée française ? Cette petite portion de cultivateurs noirs qui lui restaient attachés, malgré ses fautes et ses torts au 30 ventôse, ne prouvaient-ils pas qu’ils ne le