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patrie pour ne pas désirer de tout leur cœur d’être vos amis, ainsi que de tout le peuple que vous commandez… »

À moins de supposer que les envoyés de T. Louverture étaient chargés de détruire verbalement les bons conseils qu’il donnait à Dieudonné par cette lettre, on ne peut que la trouver irréprochable par rapport à Rigaud et Bauvais. En la rapprochant même de celle qu’il écrivit deux jours après, le 14 février, à Étienne Datty, et dont nous avons donné un extrait dans le 5e chapitre, il ne semble pas que T. Louverture était alors animé contre tous les hommes de couleur. Dans cette dernière, on a pu voir qu’il l’était contre Villatte, contre le régime du Cap, d’après les suggestions de Laveaux et sa propre jalousie du pouvoir, par rapport à Villatte. La preuve de ce que nous disons ici se trouve dans une autre lettre qu’il écrivit à Laveaux, le 23 février, pour lui dire : « que Docteur et Maurepas sont revenus de leur mission auprès de Dieudonné ; qu’ils ont été au camp Néret ; qu’ils ont réussi à faire comprendre à sa troupe, que Dieudonné les trompait et les livrait aux Anglais ; que Laplume a profité de l’indignation de cette troupe pour faire arrêter Dieudonné et deux de ses complices ; que Laplume a la plus grande influence sur ces noirs, etc. »

Il résulte de cette dernière lettre, que les envoyés de T. Louverture reconnurent ce que Rigaud et Bauvais avaient appris déjà, — que Dieudonné et Pompée étaient deux traîtres qu’il fallait annuler. Ces deux généraux, de leur côté, n’avaient pas négligé de prendre des mesures à cet effet ; et dans son mémoire, Rigaud nous apprend qu’ils réussirent à persuader Laplume et d’autres, d’arrêter ces deux hommes : Dieudonné d’abord, Pompée en-