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enseigne Lonaty de lui donner une déclaration écrite à ce sujet, pour s’en servir contre le colonel Rodrigue, un blanc comme lui.

Cette ordonnance rendue, soulève aussitôt des réclamations de la part de T. Louverture et des municipalités des communes comprises dans les lieux où il commandait. Ils prétendent que la population y étant plus nombreuse que dans le territoire soumis au commandement de Bauvais, c’est aux Gonaïves et non à Léogane que doit être le siège de l’assemblée électorale.

Or, si dans l’ancien régime même il était assez difficile de connaître au juste la population vraie des paroisses, comment, après les guerres d’une révolution qui durait depuis près de sept ans, pouvait-on être assuré de la population de ces lieux ? Cette difficulté n’était donc qu’une querelle née de la jalousie du pouvoir et de l’influence politique. De plus, les Gonaïves, à cette époque, n’était qu’une bourgade à côté de la ville de Léogane ; et en outre, sur les dix-sept paroisses de la province de l’Ouest, — six étaient au pouvoir des Anglais : le Port-au-Prince, la Croix-des-Bouquets, le Mirebalais, Saint-Marc, l’Arcahaie et le Môle ; — cinq autres étaient dans le commandement de Bauvais : Léogane, Jacmel, les Cayes-Jacmel, Baynet et le Grand-Goave ; — cinq étaient dans celui de T. Louverture : les Vérettes, la Petite-Rivière, les Gonaïves, le Port-à-Pimentou Terre-Neuve, et Bombarde ; — Jean-Rabel, enfin, était sous les ordres directs de Pageot. On se rappelle que le Petit-Goave était considéré comme dépendant du Sud et sous les ordres de Rigaud.

Il y avait donc un nombre égal de paroisses de l’Ouest sous les ordres de T. Louverture et de Bauvais ; elles étaient séparées par l’occupation anglaise au centre de la pro-