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vinces, l’intelligence et le patriotisme de Montbrun et de Rigaud avaient trouvé dans le dévouement de quelques marins le moyen de correspondre avec Laveaux, en qui ils reconnaissaient leur supérieur. Ceci est attesté par le témoignage de Laveaux lui-même, dans son compte-rendu que nous avons déjà cité : il parle des lettres qu’il reçut de ces deux officiers[1]. Montbrun le dit aussi dans ses écrits ; et Rigaud, dans son mémoire de 1797, dit également : « Après le départ des commissaires civils pour la France, mon premier soin fut d’établir une correspondance avec le gouverneur général Laveaux, pour lui demander ses ordres, quoique les commissaires m’eussent investi du gouvernement général du département du Sud et des quartiers de l’Ouest y annexés, tant que les communications seraient interrompues. »

Nous notons cette particularité, parce que nous remarquons qu’en France on croyait le contraire, puisque Garran dit à la page 248 du tome 4 de son rapport : « L’autorité du gouverneur ( Laveaux) résidant dans la province du Nord, n’aurait pas été probablement reconnue, quand bien même on aurait eu la facilité d’y recourir. » Et cela, à propos du titre de gouverneur général donné à Montbrun et à Rigaud. Nous inférons de ce passage, qu’à cette époque déjà, en 1795, on accusait les chefs des hommes de couleur, dans l’Ouest et dans le Sud, de prétendre à l’insoumission envers Laveaux, officier européen, à l’indépendance envers le pouvoir de la métropole. Nous avons lieu de croire que ce fut Laveaux qui transmettait cette imputation menson-

  1. Toutes les affirmations que nous citerons de Laveaux proviennent de son compte-rendu publié à Paris, dont nous avons déjà fait mention à la page 414 du 2e volume.