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hommes de couleur qui, en 1792, l’avaient porté à soulever les ateliers contre Praloto. Il est présumable qu’il était bien aise de se prononcer alors contre Borel qui venait tout récemment d’arrêter Hanus de Jumécourt, ce dernier l’ayant influencé dans les mouvemens dirigés contre les hommes de couleur. Ce jeune noir se mettait ainsi au service de tous ceux qui lui donnaient de l’importance aux yeux des ateliers du Cul-de-Sac. Il reparut plus tard dans de semblables mouvemens.

Espérant que le seul appareil de la force dont ils disposaient porterait les habitans du Port-au-Prince à se soumettre à leur autorité, les commissaires civils s’empressèrent, de concert avec le gouverneur, d’y envoyer un parlementaire porteur d’une lettre à la municipalité, où ils établissaient leurs propositions : elles consistaient à demander, — l’introduction de leur armée dans la ville, — la reddition de ses forts, — et le désarmement des habitans. Ils lui accordèrent trois jours pour se décider. C’était témoigner de leur modération, pour porter les factieux à réfléchir sur les conséquences de leur résistance. Il n’en fut rien.

À cette sommation, la municipalité répondit par une lettre du 6 avril, qu’elle fît porter aux commissaires par une députation : elle la terminait ainsi « Citoyens, d’un seul mot vous pouvez nous sauver tous ; mais si une seule victime innocente est immolée, qu’aurez-vous à répondre à votre conscience, à la France, à l’univers entier qui ne cesseront de vous le reprocher ? »

Cette lettre menaçante fut suivie immédiatement, le même jour, d’une réponse des commissaires civils, qui reproduisait le texte de deux articles d’une loi du mois